La Gutina, production d’huile et de vin en Catalogne Sud

En mai dernier nous vous avons organisé la visite du Domaine La Gutina au Mas Torres en Catalogne Sud. Nous avons alors rencontré Barbara Torres, propriétaire du Domaine avec son mari, Juan Carlos Torres. Elle nous a présenté leur histoire et leurs productions à travers une balade dans les champs suivie d’une dégustation de vins, d’huile d’olive et de fromages et charcuteries locales. 

Un domaine qui fait la part belle à la biodiversité

En 1980, les 200 hectares de la propriété étaient majoritairement composés d’oliviers et de praires pour les animaux qui occupaient la maison. Comme à cette époque là, leur système reste basé sur le principe d’autosuffisance. 

Les 80 ha du domaine de la Gutina partagés en vignes, prairies naturelles, oliviers, bois de chêne-liège et buissons font partie de la zone Natura 2000 “Basse de l’Albera”. Effectivement, ce site riche en biodiversité a été répertorié par l’Union Européenne afin de préserver la faune, la flore et les habitats qu’il représente. Des sentiers de randonnée ouverts, rendent la découverte des productions de Barbara et de Juan Carlos accessible tout en offrant une balade dans un cadre naturel ressourçant.

En aménageant ainsi leur propriété, Barbara et Juan Carlos montrent qu’il est possible d’associer une production agricole à un milieu  boisé riche en biodiversité. Leur objectif est de maintenir ce milieu vivant, sain et diversifié en menant une agriculture extensive.

Le domaine La Gutina est composé de 8 ha de vigne, 6 ha d’oliviers et de 17 ha de prairies naturelles, le reste étant consacré aux espaces forestiers composés majoritairement de chêne liège et d’oliviers ayant été abandonnés après le gel de 1956. Nous retrouvons 3 étangs, éléments clé pour préserver la biodiversité, mais aussi 3 dolmens et 1 menhir, chargés d’histoire et favorisant aussi le développement d’autres types de vivants. 

Gestion des prairies naturelles 

Les champs ont été semés une première fois mais la récolte n’a pas été satisfaisante à cause du climat sec du domaine. Pour entretenir cet espace-là, Barbara et Juan Carlos ont fait appel à des éleveurs de vaches de Ripollès mais des dégâts ont été causés avec la présence de vaches indigènes. Des bergers les ont alors remplacés mais les brebis pâturaient toute l’année dans les champs ce qui dégradait les sols. Aujourd’hui, c’est un autre berger qui vient garder ses brebis de race Lacaune durant la journée et veille à ce que les forêts et champs soient entretenus sans surpâturage.

Production de vin nature

Quelles que soient les productions, le travail du sol reste superficiel pour préserver la vie dans les sols. Les vignes sont travaillées un inter rang sur deux, sur lesquels sont semées des céréales (fèves, avoine, féveroles) puis écrasées avec un rouleau FACA pour restituer la matière organique aux sols. 

Barbara et Juan Carlos greffent eux-mêmes leurs vignes de Grenache gris de l’Empordà. avant les pluies puis butent le porte-greffe pour recouvrir le greffon. Après plantation, les ceps reçoivent 8-10 litres d’eau chacun trois fois dans la saison pour favoriser leur développement. Étant situé dans une zone où la sécheresse est intense et les restrictions en eau sont régulières, des cuves de récupération des eaux de pluie et de stations d’épuration ont été mises en place permettant ainsi d’économiser la consommation en eau potable. 

Selon les caractéristiques de la terre, un même cépage ne donnera pas le même type de vin, si la terre est argileuse, le vin sera plutôt doux alors que si elle est sableuse, le vin aura tendance à être plutôt sec. 

On retrouve différents cépages au domaine La Gutina, principalement du Grenache gris et rouge et du Carignan gris et blanc. Les techniques de vinification sont variées malgré l’élaboration de vin nature. En effet, un vin dit “nature” a été vinifié sans additifs mis à part une quantité de sulfite négligeable. Pour avoir des vins différents et de qualité sans ajouts, il est nécessaire d’avoir des techniques de vinification bien spécifiques en contrôlant régulièrement la température et la fermentation. Certains vins de différents cépages ou parcelles sont assemblés mais Barbara et Juan Carlos jouent aussi sur la maturité des raisins : on retrouve des assemblages issus de vinifications décalées influençant les caractéristiques organoleptiques du vin.

Le domaine La Gutina fait partie du Comité européen des vignerons indépendants et réclament que l’ensemble des additifs utilisés durant la vinification dont les sulfites soient écrits sur l’étiquette.

Production d’huile d’olive vierge

Le fils de Juan Carlos est chargé des oliviers. Dans les anciennes parcelles, 3 oliviers sur 4 sont arrachés afin de favoriser le développement des arbres et d’assurer une production. Certains sont greffés puis plantés avec la variété Argudell ce qui donne sa typicité à l’huile.

Dégustations

Pour accompagner les vins nature et l’huile d’olive, Barbara prépare des plateaux de charcuterie et fromages locaux : du fromage de vaches Ripollès, du fromage de chèvre Mas Alba, du boudin fetja, de la butifarra blanca et bien d’autres mets. 

Lors de la visite, nous avons découvert le vin rosé 100% grenache gris nommé Rouge Gorge, le vin rouge Glouglou à 11°, léger et fruité, le vin rouge Diablotin 100% grenache fait par macération carbonique, Ido et Tremendora.

Good Food Good Farming 

Nous avons pu vous proposer cette visite gratuite grâce à notre participation à la campagne Good Food Good Farming lancée par Slow Food International. Ce programme consiste à mettre en avant l’importance et l’influence des décisions européennes sur les systèmes alimentaires et agricoles. Comme nous le savons, les élections européennes approchent et nous aurons l’occasion de voter pour le futur le 9 juin prochain. 

À travers cette sortie au cœur d’une zone Natura 2000, gérée par l’Europe, nous souhaitions montrer qu’ à notre échelle, on peut essayer de faire évoluer les réglementations pour favoriser le développement de modes de production et de consommation Bon, Propre et Juste. Nous avons mis en avant certains aspects qui, selon nous, les politiques européennes devraient davantage prendre en compte. Par exemple, élaborer des réglementations considérant les contraintes et la qualité du travail des petits producteurs, tenant compte de l’ensemble des maillons de la chaîne alimentaire : de la production à la consommation, mais aussi en prenant en compte les changements climatiques en protégeant la biodiversité et en conservant des règles strictes sur les pesticides et les OGM. 

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