Séjour à Terra Madre : le plus grand Salon du goût !

Tous les deux ans, Slow Food International organise le plus grand Salon du goût à Turin, appelé Terra Madre. Cet événement réunit des milliers de personnes du monde entier autour d’un même thème : l’alimentation et la consommation Bonne, Propre et Juste. Cette année, il s’est déroulé du 26 au 30 septembre. La Communauté Slow Food Pays Catalan a eu la chance de participer à travers des conférences, des dégustations ou des ateliers et d’échanger témoignages et expériences à l’international.

Terra Madre : Salon International du goût

Cette année, nous avons célébré les 20 ans du salon du goût Terra Madre qui, comme d’habitude, a réuni des milliers de personnes. Les délégations internationales Slow Food sont venues présenter leurs produits et savoirs-faire et partager leur expérience. En effet, ce salon est composé de nombreux stands de présentation des produits locaux, traditionnels ou innovants mais aussi d’espaces dédiés au partage. Plus de 40 000 délégués sont venus échanger dans les zones de conférences, d’ateliers de dégustation, de rencontres pour montrer au monde leurs projets mis en place sur leur territoire, les motivations, problématiques et solutions liés à celles-ci. Afin de diffuser le plus largement possible la richesse de ces témoignages, ils étaient traduits instantanément en plusieurs langues.

L’immense diversité de produits, de traditions et de cultures était la confirmation que dans nos différences, nous sommes tous engagés à travers une même dynamique : consommer en respectant notre santé, celle des producteurs tout en préservant l’environnement dans lequel on vit. 

L’équipe de la Communauté Slow Food Pays Catalan a participé pendant 4 jours intenses à cet événement exceptionnel. Nous sommes partis à 4 : Claire Mauquié, coordinatrice de l’association, Arielle Castex, chargée de projet pour l’association, André Trives, maraîcher Slow Food et Sébastien Segura, bénévole.

Sébastien Segura – André Trives – Claire Mauquié – Arielle Castex

Jeudi 26 septembre 2024 :

La journée a débuté par la cérémonie d’ouverture où nous avons pu écouter Carlo Petrini, initiateur du mouvement Slow Food et Edward Mukiibi, président de la fondation Slow Food International. Dans leurs discours, un message d’unité et un rappel de l’importance fondamentale de l’alimentation dans la transition écologique étaient transmis. 

Célébration d’ouverture – Carlo Petrini

Nous avons ensuite pu contribuer pour la première fois au salon grâce à l’intervention de Claire Mauquié, à une session de dégustation intitulée “chercher de la nourriture dans la forêt et au-delà”. Spécialiste de reforestation nourricière et passionnée de cueillette sauvage, elle a présenté une ressource alimentaire d’avenir : les glands ! Fruit des chênes, ces arbres poussent dans de nombreux territoires du monde entier, nous retrouvons cette ressource libre et non valorisée, en abondance. Les participants ont alors pu déguster un pain d’épices à la farine de glands ainsi que du Newtella : une pâte à tartiner à base de glands.

A son tour, André Trives a participé à un débat autour du thème : semences, sols et eau, les ressources des agriculteurs. Pour explorer les connaissances et stratégies sur ce sujet, André était entouré de différents acteurs internationaux : John Wanyu, membre de Slow Food Ouganda et expert dans la gestion des ressources agricoles ; Jeff Quattrone, président du Comité de l’Arche du Goût Nord-Est, Etats-Unis ; Allah Yari, professeur d’agriculture et directeur du centre de recherche sur le développement rural de l’Université Azad et expert en gestion traditionnelle de l’eau en Iran ; ainsi que Jacqueline del Rosario Arriagada Villegas, vice-présidente de Slow Food Chili et membre de l’association nationale des femmes rurales autochtones. Chacun a apporté son témoignage sur ses actions au niveau de son territoire afin d’enrichir les connaissances de chacun mais aussi de faire émerger des idées ou des techniques potentiellement applicables à son propre territoire. 

André Trives – Jacqueline del Rosario Arriagada Villegas – Luis Barraud – Allah Yari – Jeff Quattrone – John Wanyu

La journée s’est clôturée par une réunion de présentation de l’Académie World Farmers Markets Coalition, permettant de communiquer à l’international sur les Marchés de la Terre. Nous avons alors pu rencontrer le réseau des Marchés de la Terre international autour d’un toast convivial.

Vendredi 27 septembre 2024 :

La journée du vendredi a débuté par une présentation du projet Slow Food International : les Slow Food Farm. Ce sont des exploitations agricoles respectant un ensemble de critères permettant de les enregistrer dans le réseau Slow Food Farm. Cet intitulé sera utilisé pour mettre en avant les fermes ayant une activité de production bonne, propre et juste. En Pays Catalan, nous mettrons prochainement en place ce réseau pour valoriser nos producteurs ! 

Avant de rejoindre le salon, nous nous sommes activés en cuisine pour élaborer la soupe de courge Hopi produite en sol vivant et en pays catalan ! Les graines de cette courge préhistorique ont été redécouvertes il y a à peine 5 ans dans un pot en terre lors de travaux archéologiques. Aussi surprenant que cela puisse paraître les graines de cette courge rustique ont germé et produit après avoir passé 2000 ans sous terre ! André Trives l’a produit en quantité dans son jardin et en a rapporté à Turin pour la faire découvrir et déguster à l’international. Agrémentée de pommes de terre et d’haricots verts, la soupe à fait fureur à Terra Madre. Vous aurez l’occasion de le goûter lors du repas du prochain Mercat de la Terra à Elne le dimanche 17 novembre.

Samedi 28 septembre 2024 :

Claire a présenté notre Mercat de la Terra lors du rassemblement des délégués européens. En expliquant que nous intégrons des petites conférences et que nous réalisons un repas à partir des produits des producteurs présents sur le marché, Claire a montré comment nous mêlons pédagogie et convivialité autour d’un repas bon, propre et juste. Ce partage d’expérience a permis à l’ensemble du réseau de s’inspirer des témoignages de chacun afin de reproduire à son échelle les idées retenues. 

Notre équipe de la Communauté Pays Catalan a eu l’occasion de participer à des rencontres et échanges autour du thème plaidoyer. Le plaidoyer est l’ensemble des actions mises en place ayant pour objectif de défendre le mouvement Slow Food : la consommation de produits bons, propres et justes ! A l’heure actuelle, de nombreuses crises sont en cours engendrant des catastrophes climatiques mais aussi des conflits mondiaux désastreux. Nous nous sommes alors réunis pour entendre 4 témoignages de plaidoyer aux 4 coins du monde : Francis Muia, agriculteur au Kenya, Manuela Arcos, productrice de cacao en Equateur, Lam-en producteur de riz dans les Philippines et André Trives, maraîcher en pays catalan. 

Manuela Arcos nous a partagé avec émotions son quotidien de productrice de cacao en agroécologie dans une zone d’extraction minière intensive. Malgré ses rendements deux fois plus importants qu’en production conventionnelle et les bénéfices apportés à l’environnement par celle-ci, son activité est ignorée face aux ressources minières du territoire. Sa ferme se fait dévaster par ces activités empiétant peu à peu sur ses terres de production. En nous expliquant que les minerais extraits étaient utilisés pour fabriquer des installations de production d’énergies renouvelables, nous avons encore une fois remis en question notre responsabilité dans la destruction des vies sur ces territoires. A travers son témoignage poignant, Manuela a révélé au jour la face cachée des industries “vertes” de production d’énergies renouvelables soi-disant bénéfiques pour l’environnement. Nous voyons alors ici clairement que le volet social est bien souvent oublié dans la transition écologique. 

Le témoignage de Lam-en sur sa lutte contre les produits transformés dans sa région nous a montré qu’en s’unissant autour d’un même objectif, nous pouvons influencer les décisions et obtenir des réglementations plus adaptées. Dans sa région des Philippines, Lam-en nous a expliqué que les habitants vivent dans des lieux sauvages et qu’ils sont contraints de parcourir de longues distances pour pouvoir s’acheter à manger. La crise du Covid-19 a alors fortement impacté la vie des philippins qui, n’ayant plus accès aux épiceries et aux produits transformés ont dû produire eux-mêmes leur ressource alimentaire pour survivre. La communauté de Lam-en  , accompagnés des dirigeants de la région, ont distribué dans les maisons des semences permettant à chacun de pouvoir produire. Depuis, cette action bénéfique ayant fait ses preuves, les produits transformés ne sont plus commercialisés dans cette région !

Enfin, pour bien terminer la journée, nous avons partagé un repas avec l’ensemble de la délégation française. Nous avons fait connaissance avec nos voisins de table autour de spécialités culinaires turinoises. Nous n’avons pas manqué de partager nos expériences dans notre territoire : dans la région Bordelaise, le pain est mis à l’honneur avec une filière Slow Bread, en Normandie ce sont les traditionnels fromages français qui sont conservés, en région Toulousaine, le convivium est présent dans les écoles pour faire de la pédagogie… nous avons appris de l’ensemble des conviviums ! La soirée s’est déroulée dans une ambiance familiale et conviviale.

Dimanche 29 septembre 2024 :

Carlotta Gennari, responsable de la délégation française à Slow Food International, a réuni l’ensemble des délégués français pour que chacun puisse se présenter, partager ses expériences mais aussi suggérer des propositions pour améliorer l’impact de Slow Food en France.

Pour terminer ce séjour intense, André Trives accompagné de sa traductrice improvisée Claire Mauquié ainsi que Amanuel Samuel, coordinateur de projet d’agroforesterie en Ethiopie ont présenté leurs stratégies pour mobiliser des ressources et trouver des fonds pour la réalisation de projets concrets. En effet, un modèle économique bien défini est essentiel, il permet d’élaborer un feuille de route représentant les différentes étapes du projet et d’améliorer la gérance de celui-ci. L’organisation est ainsi au point et l’ensemble des ressources peuvent être optimisées ce qui est bénéfique à tout point de vue : environnemental, social et économique. 

De notre côté, nous avons présenté les actions menées par la Communauté Slow Food Pays Catalan mais aussi par le Collectif Elne Ville Jardin avec lequel nous travaillons ensemble pour certains projets.

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